Sol calcaire polygénique

Campan, haute vallée de l’Adour.

Plusieurs fosses ouvertes dans un secteur original : un resserrement de la vallée qui ressemble fortement à une cluse, formée côté rive gauche par la puissante moraine latérale du glacier de Gripp venue butter contre les chaînons calcaires nord-pyrénéens, juste à la marge avec les formations du Primaire de la haute chaîne centrale ; le tout est drainé par l’Adour de Payolle dans son cours amont. Sur la carte géol, feuille de Campan, cela donne :

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seoube3D_geol_texte à gauche, en bleu, la moraine latérale du glacier de Gripp ; à droite, en vert, les chaînons calcaires grossièrement orientés est-ouest. Le site étudié est entouré en rouge.

 Plusieurs fosses pédo montrent la complexité du secteur ; les US identifiées sont :

  • à l’ouest, des sols issus de la moraine (type BRUNISOLS rédoxiques à réductiques, de texture argilo-sableuse, fortement encombrés de pierres, blocs acides arrondis et très altérés – type granite, et schistes);
  • au centre, de part et d’autre de l’Adour, des sols de type FLUVIOSOLS bruts à brunifiés, à nappe libre et circulations hydriques latérales peu profondes;
  • à l’est, des unités de sols plus complexes : COLLUVIOSOLS, CALCOSOLS colluviaux, CALCISOLS colluviaux et sols polygéniques. C’est ce dernier qui est en photo ci-dessous. Il est ouvert à mi-distance entre l’Adour et une falaise calcaire, soit environ 50m de part et d’autre.

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solum : surface et profondeur.

On observe depuis la surface un horizon fortement anthropisé, lié à l’occupation de la parcelle (une habitation), sans effervescence à HCl ; puis sur 150cm d’épaisseur, deux horizons argilo-limoneux à forte effervescence à HCl comportant uniquement des éléments grossiers calcaires anguleux, très bien structurés ; ces deux horizons sont séparés l’un de l’autre par un lit de sable grossier et de sable fin, alluvial, de structure continue à particulaire. L’ensemble du solum est fortement prospecté par des racines de deux tilleuls situés à moins de 10m, sauf l’horizon alluvial qui s’avère quasiment dépourvu de racines.

Ce qui est relativement étonnant, c’est le caractère carbonaté de l’horizon alluvial : l’effervescence y est intense ; or, une fosse ouverte à 50m plus à l’amont, mais à même distance de l’Adour et en revanche beaucoup plus loin de la falaise calcaire, présente des horizons sableux similaires mais totalement décarbonatés : cela semble logique, compte-tenu des caractéristiques chimiques dominantes de l’encaissant du torrent plus à l’amont. L’horizon alluvial qui recoupe les horizons colluviaux calcaires devrait donc être acide également ; on peut en déduire qu’il a été carbonaté secondairement par des apports issus de l’amont : amont topographique (les falaises calcaires, source de calcium et de carbonates par ruissellement latéral) et amont pédologique (horizon calcaire qui le surmonte).

Pour ce type de solum, la succession serait de type Ah ou Ahci/IIMca/IIIDca/IVSca/IVMca ; on ne distingue pas d’horizon plus humifère sous IIIDca, d’où le passage plus direct à IVSca (tronquature de l’horizon de surface liée aux dépôts alluviaux ?), mais cela reste très discutable.  Cette unité occupe une surface réduite, quelques centaines de mètres carrés tout au plus, mais elle témoigne de la complexité des pédogenèses dans les contextes montagneux.

 

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