Le projet POCTEFA « Observatoire pyrénéen du changement climatique » comporte un protocole de suivi des végétations de combes à neige alpines à Salix herbacea. Selon le rapport d’état initial, ce type de végétation est en effet particulièrement sensible aux changements environnementaux et il répond aux variations climatiques comme le réchauffement. Ces communautés de combes à neige peuvent être considérées comme des modèles pour l’étude et les prédictions des effets du réchauffement climatique sur la végétation alpine.
Depuis 2014, 14 stations réparties sur toute la chaîne pyrénéenne font alors l’objet d’un suivi des végétations de combes à neige. Les partenaires du projet sont l’Université de Barcelone, le CBN méditerranéen, le Parc National des Pyrénées, le CENMA (institut des études andorranes), l’IPE, l’IHOBE, l’ONF et Nature Midi Pyrénées. L’ensemble est coordonné par le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées (CBNPMP).
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ASUP a été sollicité par le groupement pour venir diagnostiquer les sols et leur fonctionnement dans les 14 stations. Il s’agit de réaliser des observations de sol, de récolter des échantillons de terre pour des analyses physico-chimiques et biologiques, de noter tout ce qui peut, du point de vue du sol, avoir une incidence potentielle sur les conditions de croissance de ces végétations. Le tout sans détruire les stations, donc sans fosse pédologique, sans pioche ni pelle, ni tracto-pelle, mais là on s’en doutait à l’avance.
L’étude a commencé cet été. Et les stations à étudier sont parfois lointaines, très lointaines. Celle du Mont Valier, par exemple, se situe sur le Petit Valier, à environ 2700m d’altitude. Sachant que le parking est à 930m d’altitude, cela fait donc une petite trotte, que j’ai scindée par une nuit au refuge des Estagnous*, en compagnie des deux chargées d’études de l’ONF qui suivent régulièrement cette station. Il faut monter avec le sac rempli de matériel, dont une tarière qui me donne une allure bizarre de type un peu perdu sur cette planète. Après, il faut arriver à dormir au milieu d’un océan de ronflements, en évitant de trop boire avant. Puis, sur place, il faut improviser car chaque station est différente et nécessite une approche adaptée pour les observations. Ensuite, il faut redescendre avec les kilos de terre sur le dos, et la tarière qui pèse de plus en plus lourd (c’est une histoire d’energie potentielle), retrouver la voiture surchauffée et souffler un grand coup (c’est une histoire de PV=nRT). Recommencer à la station suivante.
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Heureusement, certaines stations sont un peu plus simples ; par exemple pour atteindre les stations andorranes, il existe des installations mécaniques destinées à remonter les petits pédologues à toute allure vers un destin connu d’eux seuls, avec leur matériel encombrant. Dommage que cet outil magique ne soit utilisable qu’en montagne ; il faudrait d’ailleurs le coupler avec la marmotte fouisseuse pour que la vie du pédologue soit tel un fleuve tranquille. Je me vois bien me véhiculer en France sur un télésiège, avec une marmotte fouisseuse dans le sac, rencontrer des maïsiculteurs et leur expliquer les bienfaits de la connaissance des sols pour leur transition agro-écologique.
Les premières observations montrent une diversité de sols et de fonctionnements, diversité inter-stations et même intra-stations. Pourtant la surface de ces stations est très réduite, quelques m² seulement. A ces altitudes, les moindres variations topographiques (convexités, micro-cuvettes…) ou climatologiques (effets d’abris, effets de réverbérations…) semblent avoir une incidence importante sur les sols, leur fonctionnement et leur répartition. Dans tous les cas, le facteur vitesse de déneigement de la combe à neige est aussi fondamental par rapport au régime hydrique des différents sols de la station. La représentativité des sols de chaque station est aussi évaluée au regard du contexte général, afin de vérifier que l’on se situe soit dans un continuum, soit dans un cas spécifique dont il faudrait alors mieux analyser les déterminants.
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Deux exemples de mini-monolithes observés en Andorre, à quelques mètres de distance. Le premier est positionné en situation de proximité avec un ruisseau (ombilic), son régime hydrique est fortement influencé par les variations du niveau du ruisseau ; on voit en arrière plan le saule herbacé en cours de fructification. Le deuxième est positionné en position d’atterrissement de bas de versant, en sol quasi minéral brut.
Un autre exemple de mini-monolithe de sol, station du Valier, ci dessous, avec une forte incorporation de matières organiques.
L’architecture racinaire et le statut mycorhizien des saules de chaque station mériteraient aussi d’être analysés.
Il reste à terminer la tournée des stations, à reprendre les résultats des analyses, à établir les correspondances et la typologie, etc, etc, encore pas mal de travail !
Montée au petit matin vers la station, le refuge des Estagnous est en arrière plan
* Le refuge des Estagnous ? Que vous soyez pédologue ou pas, un séjour là haut c’est tout bonnement génial !