Le précédent message évoquait les relations fortes qui s’établissent entre certaines caractéristiques du sol et des étapes du cycle des champignons ectomycorhiziens, en particulier l’initiation fructifère. Les travaux de l’équipe Micosylva ont également été conduits dans l’objectif de spatialiser cette information à l’échelle de territoires plus vastes que celui de la placette de diagnostic, par exemple le massif forestier. Il s’agit donc d’opérer un transfert d’échelle en utilisant les propriétés du sol et de l’environnement qui ont une incidence sur les cycles ectomycorhiziens et de leurs plantes-hôtes.
Dans une première approche, nous avons décidé de repartir du terrain pour préciser les paramètres importants à prendre en compte. L’aide d’un mycologue averti nous a été précieuse : nous avons pu pointer (à la précision du GPS) tous les sites de fructification en cèpes d’un versant de massif forestier montagneux. Puis, un ami géomaticien (Pyrénées Cartographie, lien à droite) a interprété statistiquement ces points. Nous avons ainsi pu identifier deux ensembles de sites de Boletus :
Le premier ensemble est le suivant :
Le deuxième présente les caractéristiques suivantes :
Les deux modèles de distribution sont donc liés à des facteurs topographiques (pente), géomorphologiques (position dans le versant), climatologiques (irradiation solaire), pour un même type de sol (ALOCRISOL TYPIQUE) mais avec des fonctionnements légèrement différents (les épisolums humifères se distinguent l’un de l’autre). C’est un cas de figure à type de fonctionnement hydrique du sol « constant ».
Ces paramètres ont alors été modélisés à l’aide d’outils utilisant en particulier des fonctions dérivées de Modèles Numériques de Terrain, cartes qui spatialisent les altitudes sur un territoire. Le paramètre « tci », qui s’obtient à partir d’indices de Beven et Kirkby modifiés est sans doute le plus pertinent et il sera l’un des piliers de nos futurs projets communs (un peu d’optimisme en ce début d’année… on va sans doute avoir d’autres projets communs !). Deux cartes obtenues après quelques manips de l’ami de PyrCarto :
Carte des « tci » ; les zones importantes pour le modèle sont celles qui apparaissent en vert sombre et bleu clair. Le modèle permet aussi de retracer les réseaux hydrographiques, d’où l’impression qu’il ne fait que reprendre les données de base de la BD Carthage : mais non, mais non, c’est plus subtil que ça !
Une carte des quantités d’irradiation solaire pour la période avril-novembre uniquement et sur la zone piémont des Hautes-Pyrénées.
On y rajoute la géologie, la pédo par le biais de la carte des pédopaysages, même si son échelle est moins adaptée que celle des autres cartes de base, on finit pas obtenir une carte de prédiction des zones les plus favorables à la croissance des deux Boletus. En voici un extrait :
Du rouge au bleu en passant pas le vert, les zones présentent un intéret décroissant ; l’échelle de restitution est du 1/25000, la dégradation la plus forte étant celle des pédopaysages dont l’échelle ne permet pas, a priori, de sortir une carte croisée à une échelle plus grande. Bien sûr, le travail de validation est en cours de réalisation car le secteur d’apprentissage (ou secteur de référence) de l’extrait ci-dessus n’en représente qu’un dixième de la surface environ. Pour cela, un autre précieux indicateur nous a ouvert certains secteurs de sa connaissance, hors du secteur de référence : nous allons donc devoir arpenter ces nouveaux territoires pour analyser s’ils ont été ou non délimités dans la carte prédictive. Mais au-delà de cette déclinaison sur des champignons ectomycorhiziens, cette méthode nous apparaît comme une piste à suivre pour spatialiser des bilans hydriques basés sur les sols et leur RUM en plus des caractéristiques climatiques zonales et azonales. Alors, à suivre !