Micosylva – tournée Lisbonne février 2011

Petite équipe pour une nouvelle visite à nos amis portugais. L’un des objectifs de la semaine était d’évaluer les possibilités de transposition des méthodes et outils de Micosylva à la problématique du dépérissement du chêne liège. Au programme : de nombreuses discussions avec les chercheurs de l’INRB à Lisbonne, accompagnée d’une présentation des parcelles d’essais par Beto, confrère pédologue, puis une visite dans la région de Grandola, une centaine de kilomètres au sud-est de la capitale ; enfin, un cycle de conférences pour présenter les méthodes du programme.

Sur le terrain, sacrée surprise : des hectares de chênes liège dont il ne reste que quelques chandelles éparses, des parcelles dénudées, des colosses séchés sur place…

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Un aperçu de l’ampleur des dégâts dans certains secteurs.

 

On constate quand même une certaine surexploitation du liège sur certains individus, avec des cycles plus courts de récolte. La strate herbacée et arbustive est broyée régulièrement et non exportée, mais pourtant l’épaisseur de litière est très faible.

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Exploitation du liège, un peu improbable ? Etat de surface du sol

Deux fosses pédo ont été creusées il y a déjà quelques temps, dans l’une des parcelles que nous visitons. Elles sont remplies d’eau et évidemment je n’ai ni botte pour descendre dans la fosse, ni rien qui s’apparente à un couteau pour aller rafraîchir le profil : merci l’avion low-cost ! Malheureusement, nos accompagnateurs pédologues sont tombés en panne sur l’une des parcelles, assez loin de notre destination finale, impossible donc d’avoir du matériel. Il faudra se contenter de peu pour analyser tant bien que mal les solums.

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les deux fosses ouvertes il y a déjà 15 jours

Dans les deux cas, la roche-mère est un grès à grain très fin, qui confère aux horizons une texture de sable argileux à sable limoneux et une structure peu affirmée, polyédrique émoussée fine à sur-structure continue. En profondeur, au contact de la roche-mère, la texture devient plutôt As. De même, on constate que l’horizon de surface comporte a priori une importante quantité de MO ; la limite inférieure est plane, constante, franche et suggère fortement des pratiques agricoles de labours ou sous-solage : pourtant, d’après nos accompagnateurs, de tels travaux n’ont pas été réalisés depuis longtemps… Dans un contexte climatique tel que celui-ci, avec assez peu de restitutions (?), et sans doute des taux de minéralisation élevés, comment expliquer que l’on retrouve un horizon de surface aussi sombre et aussi bien délimité ? La surface est fragile, la structure sensible au tassement. La roche-mère apparait assez peu perméable (d’après nos accompagnateurs, des pluies survenues il y a 15 jours expliqueraient l’eau au fond des fosses : à vérifier !). De nombreux indices d’engorgement temporaire sont malgré tout visibles dans le solum et on observe très peu de racines dans les horizons situés sous le niveau d’eau. Les confrères rattachent ces sols aux Leptosols (LITHOSOLS du RP) j’y vois plutôt une déclinaison autour des FERSIALSOLS  ELUVIQUES (selon RP, donc Haplic Luvisol de la WRB 2006)  avec un épisolum humifère sous ciste (cf ci-dessous) de type OLv/OFrzo/Hzo discontinu/A, soit un eumoder, ce qui pourrait être cohérent avec la texture plutôt sableuse, les phénomènes de sécheresse et d’asphyxie temporaire. Localement, l’importance des éléments grossiers dès la surface et la faible épaisseur des horizons au dessus de R conduirait alors à des RANKOSOLS ou des PEYROSOLS.

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tâches d’oxydation, à 20cm de profondeur

L’analyse rapide des deux solums permet de dégager quelques pistes de réflexion, notamment du point de vue du fonctionnement des racines dans un tel contexte pédo-climatique : engorgements temporaires mais intenses probables, suivis de périodes de sécheresse conjuguées à une faible RUM, tassements de surface et destructurations, état d’aération du sol, cycles déséquilibrés de N et C, possibilités de transmission des spores de champignons pathogènes par lessivage, dispersion et incorporation de MO infectée à l’occasion des broyages… Le problème du dépérissement est multi-factoriel, les maladies s’installant sur des systèmes racinaires et sur des arbres fatigués, stressés. Mais le sol apparait comme l’une des clés de compréhension des phénomènes. Par comparaison, dans les parcelles couvertes de ciste, on observe une litière avec fonctionnement biologique plus marqué ; mais on y trouve aussi des cas de dépérissement !

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quelques photos d’une parcelle couverte de cistes

Le suivi de l’humidité des sols, de sa température, l’analyse de la répartition spatiale des racines, l’évaluation des vitesses d’évolution des tâches de dépérissement, l’analyse des communautés fongiques, de l’histoire des parcelles, la compréhension du mode de répartition des sols dans le paysage : autant de pistes de diagnostic à suivre.

 

 

 

 

 

 

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