Erosion des sols et méthode USLE

Une démarche originale de la part d’un professeur de SVT du Lycée Victor Duruy de Bagnères de Bigorre : amener les lycéens à estimer les pertes en terre d’un territoire viticole à l’aide d’une démarche intégrée, depuis la mise en place des modèles jusqu’aux vérifications de terrain.

Le projet a débuté en début d’année 2013 avec de nombreuses discussions entre nous deux autour de la méthode, des modèles utilisables, du territoire de validation. D’abord envisagée sur les coteaux du Magnoac, la démarche a finalement été transposée dans le madiranais : les cartes des sols y sont disponibles à une échelle adaptée et, en outre, un acteur local s’implique favorablement dans le projet : la cave de Plaimont.

La méthode USLE a été choisie pour estimer les pertes en terre car elle présente de nombreux avantages par rapport à des méthodes plus confidentielles et moins bien adaptées au territoire comme STREAM. La bibliographie est importante et, surtout, on connait les limites de la méthode, ce qui n’est pas le cas de la plupart des autres modèles : la crédibilité des résultats est donc optimale.

Le processus a été long, mais c’est celui d’une classe de seconde : il a fallu obtenir les différents paramètres nécessaires au fonctionnement du modèle : pentes par le biais de MNT, coefficients liés aux sols par le biais des données dont je disposais sur d’autres secteurs, etc. Quant à la texture des sols, un TP spécifique de détermination de la granulométrie des sols a même été réalisé ! Quand on connait le protocole analytique complet de détermination de la granulométrie par sédimentométrie, on évalue mieux l’optimisme et l’abnégation de ce professeur de SVT…

La carte du risque érosif et des pertes en terres a été obtenue en cours d’automne. L’étape suivante pouvait alors commencer : aller valider sur le terrain les résultats obtenus et proposer des alternatives en termes de gestion agricole des parcelles. Le directeur de la cave de Plaimont a proposé une journée de manips sur une des parcelles de son secteur ; j’ai proposé de mon côté une validation par la méthode du déchaussement des ceps de vigne.

La manip de terrain s’est déroulée un jour de très beau temps, ce qui est exceptionnel en ce moment : le 10 janvier, des fosses pédo étaient creusées à divers endroits de la parcelle pour que je puisse assurer une petite formation sur la description des sols et le diagnostic des facteurs qui présentent une incidence sur l’érosion : structure, porosité, rugosité, activité biologique etc. Nous avons même eu le temps de réaliser deux essais d’extractions de vers de terre selon la norme AFNOR (adaptée, moutarde à l’appui !). J’entends encore le commentaire (le hurlement de joie ?) du professeur à ses élèves lorsque les calculs ont été rendus : ça marche ! Eh oui, une validation terrain du modèle USLE a été réussie en ce vendredi : les pertes en terre estimées par le modèle sont bien du même ordre de grandeur que celles mesurées par les groupes d’élèves d’une classe de seconde sur le terrain ; une classe de seconde, ce sont tout de même des compétences a priori très éloignées de celles de n’importe quel organisme prestigieux à la crédibilité scientifique reconnue…

Des viticulteurs ont enfin été interviewés pour que les élèves puissent proposer dans leurs rapports des modes de gestion parcellaire susceptibles de réduire les mécanismes d’érosion. Et une dégustation attendait tout le monde à la cave, que faire de mieux ?

 

IMG_20140110_113730_redim présentation de la bête

IMG_20140110_143510 deux élèves se lancent dans la description d’une fosse

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