ASUP participe depuis l’an dernier aux actions menées dans le cadre du PAT d’Oursbelille, en collaboration avec la chambre d’agriculture des Hautes Pyrénées et Arbres et Paysages 65. L’animation du PAT a été confiée à Territori, bureau d’études, le maître d’ouvrage étant le SIAEP Tarbes Nord. L’enjeu est lié à la gestion qualitative de l’eau d’une nappe phréatique dans laquelle le SIAEP Tarbes Nord puise l’intégralité de son eau potable. La teneur en nitrate de l’eau brute évolue sous la barre du seuil de 50mg/L, mais elle l’a parfois dépassé au cours des années précédentes, sans que les causes en soient clairement identifiées : activités urbaines, activités agricoles, minéralisation naturelle du sol, transferts depuis les cours d’eau etc. ? Or, le territoire de l’Aire d’Alimentation du Captage (AAC), d’une surface d’environ 400ha, est couvert en partie par des parcelles agricoles essentiellement maïsicoles ainsi que par des habitations et équipements de la commune d’Oursbelille ; il est aussi traversé par une rivière, l’Echez, qui prend sa source à l’amont de l’agglomération de Tarbes. Si l’une des principales questions reste malgré tout celle de la délimitation de l’AAC, qui prête encore à controverse (aux dires mêmes des auteurs de sa délimitation), il n’en reste pas moins que toutes les actions menées avec les acteurs qui évoluent dans cette AAC sont nécessaires pour garantir une meilleure qualité de l’eau.
Le périmètre étudié, au nord de Tarbes, en pointillés rouges. Le captage est entouré en jaune
ASUP a proposé de nouvelles actions pour le programme 2015-2016, liées à la connaissance des sols qui couvrent l’AAC. L’objectif est d’optimiser et moduler les types d’actions et leur intensité en fonction des sols et de leur comportement. Quatre phases ont été proposées : la première consiste à réaliser une carte des sols qui soit suffisamment précise et exhaustive, puis de décrire le fonctionnement des sols et leur comportement hydrodynamique, biologique et physico-chimique ; à partir de cette carte, il s’agit ensuite de proposer des actions spécifiques liées notamment à l’implantation de couverts hivernaux et de suivre enfin l’évolution des teneurs en nitrate dans le sol et les végétaux.
Parmi les actions déjà réalisées, deux jours de formation co-organisées avec la chambre d’agriculture et destinées aux exploitants ont été particulièrement fructueuses. Une première session a permis de replacer l’analyse de sol dans son contexte, avec ses erreurs et incertitudes parfaitement normales et acceptables quand on en connait l’origine et l’importance. Par exemple, il est intéressant de montrer quel est le résultat concret d’une analyse granulométrique, c’est à dire ce qu’il reste physiquement de l’échantillon de terre une fois qu’il est passé par les différentes étapes du protocole analytique (en gros, quelques milligrammes); on apprécie alors mieux l’importance de l’échantillonnage et la notion de représentativité de cet échantillon. De même, il faut montrer qu’un résultat est une valeur acceptée et non pas une valeur vraie, que ce résultat est assorti d’erreurs que l’on doit considérer pour optimiser ses apports. Cela permet ensuite de mieux faire comprendre que derrière une valeur de teneur en nitrate dans le sol ou dans l’eau se cache en réalité une fourchette de valeurs possibles inscrites dans une incertitude, que les bulletins d’analyses oublient systématiquement de mentionner. La deuxième partie de cette formation a consisté à développer des notions d’écologie du sol, à décrire son fonctionnement biologique. Je suis toujours surpris de constater à quel point les a priori ont la vie dure et quel est le degré d’ignorance en matière de rhizosphère, d’actions chimiques mycorhiziennes ou bactériennes. Mais les demandes des exploitants pour une meilleure connaissance sont fortes.
La deuxième session de formation a permis de rassembler sur une parcelle plusieurs outils de destruction des couverts hivernaux. Avec une problématique inattendue : les couverts ont particulièrement réussi cet hiver et la biomasse produite est élevée, trop élevée pour que la plupart des outils assurent leur travail correctement ! Il faudrait presque s’excuser auprès des concessionnaires de matériel que les couverts aient si bien marché…. A la fin de la journée, on se réunit autour d’une fosse ouverte à la mini-pelle par un des agriculteurs. Puis une autre fosse que l’on ouvre en direct et une troisième, enfin un coup de bêche dans une quatrième parcelle pour « voir s’il y a une différence », le tout à la demande des agriculteurs. Car les informations recueillies peuvent les étonner, surtout en matière de prospection racinaire : les racines du couvert hivernal, du triticale, exploitent les horizons à plus de 1 m de profondeur, même dans la parcelle en itinéraire conventionnel avec labours. Bien sûr on peut constater des différences importantes entre parcelles labourées ou en semis direct, notamment en termes de densité de prospection racinaire, de porosité et de stabilité structurale. Ces observations nous permettent également de mieux comprendre les « échecs » de certains outils de destruction. Une journée fort utile à tout point de vue et encore l’occasion de montrer qu’il faut éviter les idées reçues en matière de sol.
Le groupe des agriculteurs passe d’un outil à l’autre
Nombreuses racines de triticale en profondeur, zone 60cm – 90cm de profondeur