Les troisièmes rencontres de biospéléologie organisées par le CDS 07 viennent de se terminer ; elles avaient lieu cette fois sur le site d’Orgnac (www.orgnac.com) et ont pris la forme originale d’une séquence de formations destinées à des spéléos néophytes ou plus aguerris en matière de biologie souterraine. Ce fut l’occasion pour le site d’Orgnac de mettre à jour l’inventaire de sa faune souterraine et de constater que la diversité spécifique y est largement plus importante que ce que les premières approches le laissaient supposer. Les sections Orgnac II et III ont pu être inventoriées par 4 équipes de 2 à 3 personnes, de même que la salle rouge, terminus de la grotte le plus proche de la partie visitable.
Qu’est ce qu’un pédologue peut bien faire dans un tel regroupement ? De la systématique, de la taxonomie, de la chasse à vue et de la bino en pagaille sur de la micro- et mésofaune. C’est surprenant à quel point les faunes sont identiques : mêmes familles, mêmes relations, mais populations largement moins nombreuses… J’y retrouve tous les genres et toutes les familles du milieu édaphique épigé ou hypogé : collemboles, diploures, isopodes, diplopodes etc. Mais il semble que l’on soit encore loin de bien cerner les relations entre populations et conditions stationnelles, d’avoir une vision autécologique des espèces observées. Quant aux relations entre surface et profondeur, la question n’est pas trop abordée en dehors des aspects de lessivage de matières organiques.
Un petit coléoptère bathyscinae
Chasse à vue à la surface d’un massif de calcite
Chasse à vue à la surface d’un gour, site propice pour l’observation de collemboles égarés
Identification à la bino… Ils ont bien l’air studieux !
La classification typologique des milieux souterrains est aussi sans doute un peu « frustre » et le vocabulaire descriptif n’est pas forcément partagé ; difficile dans ces conditions de travailler sur des hypothèses de bio-indication, d’autant plus que les populations ne sont même pas évaluées (c’est impossible du fait des modes de récolte) et leurs variations intra-annuelles ou inter-annuelles souvent inconnues ou méconnues. Mais toute la base descriptive des faunes rencontrées sous terre est sans cesse en cours d’implémentation, c’est le travail indispensable qui manque tant désormais dans l’approche des milieux et des environnements terrestres.
J’en profite pour adresser un grand merci aux équipes spéléo, -de l’Ardèche pour l’organisation et des autres départements pour l’ambiance- et aux responsables du site d’Orgnac.