Je regrette toujours que seules les taupes aient peut être conscience d’observer des systèmes racinaires en « position anatomique » (et si elles faisaient des manips sans qu’on le sache ?)… J’ai pour ma part le souvenir de multiples expérimentations en labo, destinées à analyser le comportement des racines sous l’influence des conditions de sol, et des difficultés à conduire des observations dans des situations censées se rapprocher le mieux possible des conditions naturelles. Comment voir ces systèmes racinaires en plein fonctionnement ? D’où les rhizotrons, les mini-rhizotrons, les vases de végétation et toutes les astuces que l’on cherchait à développer et améliorer au labo de Montpellier. Désormais, j’ai trouvé deux systèmes de visualisation en grandeur nature, sans destruction de matériel végétal ou minéral, sans transplantation de quelque sorte : il suffit de plonger la tête sous l’eau ou bien de plonger dans une grotte. Cela donne les photos suivantes :
Voilà quand on plonge la tête sous l’eau. La photo est prise en bordure du gouffre de Lantouy, dans l’Aveyron, sous des aulnes en partie immergés du fait du débit important de la source. Les racines présentent une croissance importante, peu de poils, une faible lignification.Le système est foisonnant.
Et voilà quand on plonge dans une grotte (Gleio del Maou, toujours en Aveyron). Les racines n’ont pas la même allure… Et en surface de celles-ci, on observe de petites cristallisations vraisemblablement calcaires. La vie ne s’arrête pas là : on peut aussi admirer un petit monde à l’envers, avec des champignons qui poussent par le plafond et des poches organo-minérales très bien structurées, accrochées dans les infractuosités, signes d’une activité biologique non négligeable et peut-être même d’une pédogenèse ?
Non, la photo n’est pas renversée.
Finalement, j’ai au moins un avantage sur les taupes : je mets la tête sous l’eau ! (et je sais passer un fractio).